
Les sceaux byzantins présentés ici constituent l'édition numérique de la publication donnée en 2019 par Jean-Claude Cheynet aux bulles appartenant à la collection privée de M. Yavuz Tatış: Jean-Claude Cheynet, Les sceaux byzantins de la collection Yavuz Tatış, İzmir 2019. Les travaux se déroulent dans le cadre du projet franco-allemand ANR-DFG DigiByzSeal et sont actuellement en cours. La présente édition reprend sans modifications le texte précédemment publié, avec la différence que la transcription diplomatique est donnée, non plus en police Athena, mais avec la police Athena Ruby développée par le centre de Dumbarton Oaks.
Présentation
Les découvertes de sceaux byzantins se sont multipliées en Turquie ces dernières années. Une partie de ces trouvailles fortuites a alimenté le marché des ventes aux enchères en Europe et aux États-Unis. On ne peut donc que se réjouir de voir des collectionneurs turcs s’intéresser à ce type de matériel qui est ainsi préservé dans son pays d’origine. Les collectionneurs privés ne sont pas tous connus des sigillographes, mais il est certain que l’ensemble des bulles byzantines, réuni par Monsieur Yavuz Tatış, est l’un des plus importants de Turquie. La collection comprend plus de quatre cent cinquante plombs dont la plupart sont en très bonne condition, voire d’une qualité de gravure exceptionnelle. Elle présente aussi l’avantage de faire connaître, pour une partie de cet ensemble, le lieu ou du moins la région de trouvaille des plombs. Certes la qualité de l’information est moins assurée que lors de la découverte de bulles au cours de fouilles. Comme le montre la lecture du catalogue, la règle de la faible circulation des sceaux, en dehors de ceux de l’administration centrale, se trouve une fois de plus largement vérifiée lorsqu’on peut mettre en rapport une région de trouvaille et une fonction administrative locale. Toutefois, des bulles de fonctionnaires exerçant dans la partie orientale de l’Anatolie, ducs d’Edesse, catépan d’Antioche, juge du Charsianon, auraient été découverts dans les provinces égéennes. C’est particulièrement vrai pour l’indication Turquie ou Anatolie occidentale. La majeure partie des sceaux dont la provenance précise n’est pas connue résulte de découvertes fortuites, soit dans les provinces de la côte égéenne, soit du sud-est anatolien, qui se manifeste, entre autres, par plusieurs sceaux au nom de Marchapsabos ou Brachamios et pas moins de neuf sceaux d’un certain Kosmas, provenant d’Adana et de ses environs.
La côte égéenne correspond pour une bonne part à l’ancien thème des Thracésiens. Parmi les bulles des fonctionnaires de l’administration centrale entrées dans cette collection, la place des services en lien avec la gestion des biens publics est notable. Des institutions constantinopolitaines, comme les Manganes, sont aussi bien représentées, ce qui confirme l’importance de leurs possessions foncières dans ce thème.
Les bulles liées au thème des Thracésiens, que ce soit celles des fonctionnaires ou celles des membres de la hiérarchie ecclésiastique locale, sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses que celles de leurs collègues exerçant dans les autres thèmes anatoliens et, davantage encore, dans les thèmes occidentaux. Globalement, la présence des fonctionnaires occidentaux est réduite puisque, sur cinquante-huit sceaux de provinciaux, ils ne sont que six au plus, comparativement aux fonctionnaires des Anatoliques (six), des Cibyrrhéotes (quatre), de l’Opsikion (sept) et des Thracésiens (douze). Cette prédominance d’une origine anatolienne explique le faible nombre de bulles postérieures au XIe siècle. Tous les sceaux sont inédits, à très peu d’exceptions près. Beaucoup n’ont pas de parallèles et apportent donc de nouvelles informations.
La datation des sceaux a été effectuée, en règle générale, au demi-siècle près, c’est-à-dire que Xe/XIe siècle se traduit par 975-1025, que le milieu du XIe siècle équivaut à 1025-1075… Parfois une datation plus précise est possible, lorsque le sigillant est clairement identifié et que des informations sur la chronologie de sa carrière sont données par d’autres sources. La datation des monogrammes reste assez imprécise, les monogrammes cruciformes étant estimés plus récents que les compositions compactes. Cependant, Werner Seibt rappelle que le premier monogramme cruciforme connu remonte au règne de Justin Ier, gravé sur une monnaie d’Antioche, mais cela ne signifie pas que le type cruciforme s’est immédiatement développé sur les sceaux. Les plombs au motif de l’aigle essorante ont été attribués au VIIe siècle, sauf ceux dont la légende du revers est au datif, qui ont pu être frappés au début du VIIIe siècle. Les sceaux à monogramme invocatif cantonné du tétragramme τῷ δούλῳ σου, avec la ligature omicron-upsilon ornée d’empattements obliques, sont datés du VIIIe siècle. Lorsqu’une croisette accostée de fleurons précède et suit la légende, une datation de la première moitié du VIIIe siècle, voire du premier quart est préférable. La croix patriarcale sans décor est datée du derniers tiers du IXe siècle. Les fleurons issant de la base se développent au cours du VIIIe siècle jusqu’à atteindre le sommet de la croix sous Basile II (976-1025). En ce qui concerne les critères épigraphiques, j’ai suivi les conclusions de N. Oikonomidès, dans ses Dated Seals (p. 165-169).
Présentation extraite (avec modifications mineures) de: Jean-Claude Cheynet, Les sceaux byzantins de la collection Yavuz Tatış, İzmir 2019, p. 6-7.
This edition should be cited as Collection Yavuz Tatış, İzmir, available at: https://tatis.sigidoc.huma-num.fr/.
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